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Techno sucrée-salée-épicée, Vanille aime casser les codes et les frontières derrière les platines. On a voulu en savoir un peu (voire beaucoup) plus sur l’une des plus grosses révélations du moment, avant son passage à Treesome cet été. 

Les Trans Musicales l’hiver dernier, une Boiler Room à Paris il y a quelques jours… Tu commences à poser ton empreinte sur la scène techno française. Comment vis-tu tout ça ?

Parfois, je me dis que c’est « incroyable », mais enfaite non c’est croyable car j’ai énormément travaillé pour, surtout l’année Covid qui n’était pas facile. Je travaille aussi beaucoup sur moi pour gérer mon stress et mes peurs. J’essaye de vivre tout ça avec fierté et reconnaissance.

Tu t’es forgée en tant qu’artiste sur la scène londonienne. Qu’est-ce qu’elle t’a apporté ?

Londres, c’est une ville où tout se bouscule, mes amis anglais mixent de la House, Techno, Electro, Drum&Bass, Dancehall, Afrobeats… J’ai appris à mixer un peu de tout et ça m’a apporté une connaissance plus approfondie des genres et sous-genres musicaux, ainsi que de la culture club anglaise.

Quelles différences vois-tu entre la scène londonienne et française ?

Londres, c’est grand, il y a beaucoup de variété et c’est cool pour les sound systems, il faut se l’avouer, les clubs londoniens sont bien mieux équipés que la plupart des salles parisiennes.

Paris, c’est juste COOL ahah! J’aime Paris surtout pour la proximité et l’esthétique des clubs. Il y a beaucoup de bonnes soirées, de super collectifs, les gens sont cools, mais pour moi, ce sont les bons systèmes son qui manquent.

Que souhaites-tu transmettre à travers ta musique ? Comment choisis-tu la ligne directrice et l’énergie que tu vas donner à un set ?

DJ = designing joy

Quand je prépare un set en général, je me pose toujours la question: ‘Si j’allais à cette soirée, quelle émotion je voudrais ressentir.’ Je vais choisir un titre de référence du moment fort du set, parfois c’est un titre House très vocal et mélancolique, parfois de la Trance très psyché ou encore un remix Pop / Hard-Techno qui tabasse. Ensuite, j’articule des vibes autour pour créer un tableau. J’aime quand tout est connecté, mais que rien ne se ressemble.

J’adore faire les montagnes russes, faire des virages, des 360 degrés. Comme je dis souvent, mes sets, c’est : ‘on tabasse, on caresse, on tabasse, on caresse, etc.’ (Ahah)

 

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Ton meilleur souvenir en live ?

Nuits Sonores, pour moi, c’était l’adoubement ; ma première grosse scène, meilleur public et la fin définitive de mon syndrome de l’imposteur. Après ces 2 heures de set, je me suis dit “ça y est, je suis DJ”.

Peux-tu nous parler de ta relation artistique avec Honey Dijon ?

J’ai tellement de respect et d’admiration pour Honey ; c’est un peu ma maman musicalement. Je m’endormais en regardant ses boiler rooms quand j’apprenais le mix, il y a si peu de représentation dans mon métier que de voir une femme noire, queer a un tel niveau de sa carrière c’était si inspirant. Et c’est elle qui m’a découverte, c’est ouf.

Quand nous travaillons ensemble, nos univers se croisent parfaitement, entre House & Techno, c’est trop beau.

Tu es actuellement en train de produire ton premier track. On a le droit à un peu plus d’infos… ?

Je me suis beaucoup cherchée en tant que productrice, j’ai commencé par produire des morceaux house, groovy techno, j’ai fait de l’afro, du breakbeat, psy-trance et même de la hard-tek. Je pense que j’ai enfin réussi a intégré toutes mes influences en un seul morceau.

 

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Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer dans la création de morceaux après plusieurs années de DJing ?

Personne ne le sait, mais j’ai commencé à produire en même temps que le DJing. Il m’a fallu des années pour parfaire mes prods et surtout trouver ‘mon son’. Je produis avec Ableton, mais j’enregistre et je fais aussi du live avec mes machines, le but c’est de pouvoir jouer mon premier set hybrid ou live d’ici quelques années 🙂

Que penses-tu de la scène électronique actuelle ? Les valeurs défendues par la musique électronique sont-elles restées les mêmes qu’à l’époque où tu l’as découverte ?

C’est atypique, mais j’ai commencé à aller en ‘teuf’ (en rave ou free party) quand j’avais 15/16 ans avant même d’aller en boite de nuit. J’ai découvert la fête sous sa forme la plus brute et j’ai découvert les clubs et festivals un peu plus tard. J’ai perdu au change le côté libre et fédérateur, mais aussi politique de la free-party. Je n’aime pas les étiquettes, les codes, la hype, le jugement. Je n’aime pas les soirées ‘safe space’ où on se fait harceler, les soirées ‘queers’ pas queer.

Aussi, je trouve qu’il n’y a vraiment pas assez de représentation pour les noires, POC. La scène électronique française est super blanche, que ce soit dans les line-ups ou dans le public. C’est pour ça que j’ai créé la soirée HEADBUTT, pour secouer un peu la scène actuelle et rendre à la communauté noire sa place dans la scène techno & électronique française.

 

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Ton dernier coup de cœur (artistes, morceaux, mix…?)

C’est vieux, mais en ce moment; j’écoute en boucle un track des années 90 très percussif; entre techno, trance, acid – et qui m’inspire énormément pour ma prod: Trommelmaschine – Die Dritte Raum

Est-ce qu’il t’arrive de sortir sans jouer ? Quel rapport entretiens-tu à la nuit ?

J’adore danser, plus que tout au monde, et j’aimerais toujours sortir. Il m’arrive de temps en temps d’aller voir des amis jouer ou juste pour le plaisir. Être DJ c’est un métier assez fatigant où l’on peut vite se perdre et je pense qu’il est important de mettre une certaine distance avec la nuit : le travail c’est le travail, la fête c’est la fête.

La programmation de Treesome est-elle une programmation dans laquelle tu te retrouves ?

Totalement. Je n’aime pas les cases et les étiquettes, jouer dans un festival qui a un spectre musical aussi large, et une vraie diversité dans le line up c’est un bonheur. Je sais que je vais pouvoir me faire plaisir, je suis super excitée !