Originaire de Los Angeles et bercée par tout ce qui pouvait s’écouter là-bas de house, funk, latin et bass music, Bianca Oblivion s’est forgée au fil des années une identité musicale reconnaissable entre mille. Hyperactive en studio, elle a sorti cette année pas moins d’une dizaine de titres et remix, dont Bad Gyal, banger des bangers, qui a eu le temps de raisonner pendant quelques mois dans les clubs underground du monde entier, et pleins d’autres projets à venir. Avant de faire raisonner ses rythmes sur la scène dancehall-afrobeat de Treesome, la DJ-productrice revient sur l’émergence de ces genres à la richesse infinie venus d’Afrique et des Caraïbes.
Comment définirais-tu l’afrobeat ? Et le dancehall ?
L’afrobeat et le dancehall sont tous deux des genres ancrés dans la musique de la diaspora africaine. L’afrobeat incorpore des éléments de pop, de hip hop et de RnB, tandis que le dancehall s’inspire des MC et de la culture des sound systems jamaïcains.
De quelle façon ces genres se sont développés ?
Le dancehall est indéniablement ancré dans le tissu culturel de Londres et du Royaume-Uni. Le Royaume-Uni est historiquement lié à la Jamaïque, comme il l’a été sous la domination coloniale, et plus récemment pendant la période Windrush. Il est incroyable d’entendre comment le dancehall et la culture jamaïcaine du soundsystem ont imprégné toutes les formes de musique de danse au Royaume-Uni, en particulier pendant le carnaval de Notting Hill, c’est du jamais vu. La scène dancehall de New York est également très dynamique, car il existe un lien étroit avec les Caraïbes et un lien historique entre l’émergence du hip-hop new-yorkais et les soundsystems jamaïcains. À Los Angeles, le lien n’est pas aussi fort, mais nous avons des gens du monde entier, des DJ et des soirées qui intègrent le dancehall dans leurs sets, mais je dirais qu’une grande partie des éléments de danse ne sont pas pleinement développés dans les soirées.
Penses-tu que ce genre soit suffisamment développé dans la programmation des festivals en France ?
Treesome sera mon premier festival en France, il m’est donc difficile de me prononcer sur ce point, mais en général, dans les festivals européens, je ne vois pas beaucoup d’artistes dancehall représentés.
Et dans les médias ?
Malgré l’influence profonde que le dancehall a exercé sur la musique populaire, je pense qu’il ne bénéficie malheureusement pas d’une couverture médiatique à la hauteur.
D’où te vient cet amour pour le dancehall, le reggaeton et les rythmes afrobeat ?
J’ai grandi en tant que danseuse et j’étais très attachée aux rythmes afro/latins grâce à la puissance des tambours et des percussions. J’avais l’habitude de prendre des cours de danse avec des batteurs, et c’était vraiment incroyable de pouvoir m’amuser avec ce genre d’énergie viscérale. C’est une sensation que je veux retrouver dans ce que je produis. Ce sont les rythmes qui m’attirent le plus.
Personnellement, je ne me définis pas comme une « DJ dancehall » (ou afrobeats) et que je ne suis en aucun cas une experte, même si j’adore cela et que j’en joue beaucoup dans mes sets. Je suis, dans l’ensemble, une DJ de club international, qui puise son inspiration et sa musique dans de nombreuses cultures différentes, dont beaucoup sont enracinées dans la diaspora africaine – baile funk, reggaeton, batida, kuduro, bubbling, soca, shatta, dembow, etc.
Comment intègres-tu tout cela concrètement dans tes productions ? Dans tes sets ?
Mes productions sont très ancrées dans les rythmes et les percussions. Je commence généralement par un motif de batterie ou, si je pars d’un échantillon ou d’un synthé, je pose immédiatement un rythme qui le porte et je continue à construire autour de lui. Mes sets passent par de nombreux tempos et genres, mais le fil conducteur est l’accent mis sur les rythmes forts et durs, qu’il s’agisse d’un morceau de club jersey, de jungle ou de baile funk.
Comment expliques-tu le développement du dancehall dans les clubs ces dernières années ?
Je pense qu’il y a eu une énorme évolution vers des sons plus globaux, y compris le dancehall. Le paysage du DJing s’est beaucoup diversifié, avec des DJ de partout dans le monde qui viennent représenter les sons de leur ville, de leur culture, tout en s’inspirant d’autres artistes. Je pense aussi que de plus en plus de DJ sont ouverts au mélange de différents genres. Il y a peut-être eu un effet confinement. On écoutait des streams dans le monde entier, c’était un échange culturel massif.
Quel est le lien entre la musique dancehall et la musique électronique ? Comment ces deux styles communiquent-ils et depuis quand ?
La dance music moderne a été créée à l’aide d’échantillonneurs, de machines, d’ordinateurs, etc. Il est donc tout à fait naturel que ces sons aient évolué en même temps que les autres musiques électroniques, les producteurs s’inspirant des tendances en matière de production et empruntant des techniques et des sons à d’autres genres. Je pense qu’il y a toujours eu cette communication, mais il y avait évidemment un lien bien établi entre la musique électronique britannique et le dancehall, comme je l’ai mentionné précédemment.
Participes-tu uniquement à des événements dancehall ou mélangez-vous les styles à chaque fois ?
J’ai déjà participé à des événements dancehall, mais non, je ne joue généralement pas que du dancehall. Je mélange toujours les différents styles et j’élabore mes sets en fonction de chaque soirée à laquelle je participe.
Quels sont tes projets pour cette année ?
J’ai un single qui va sortir avec mon collègue ONHELL, qui sortira sur NAAFI le 28 avril. J’ai aussi un EP qui va sortir avec Sam Binga sur son label Pineapple Records. Je vais sortir un clip pour mon titre ‘EZ 4 Me’ ainsi que 3 artistes travaillant sur des remixes ! J’ai également plusieurs projets de remixes en cours pour des artistes que j’aime beaucoup.
Peux-tu nous citer trois titres efficaces que tu joues en club ?
Mon track Selecta
N’importe quel morceau de Disaffected
DJ FELYPINHO 013 – Bota na Pipokinha
Des artistes à recommander ?
La liste est infinie, mais mes partenaires de Warp Mode, Star Eyes et AK Sports, un DJ prometteur de la région de la baie, Yuca Frita, et d’innombrables autres dont je m’inspire, notamment Bambii, Jubilee, Amadeezy, Madam X, Miley Serious, Bored Lord, Jamz Supernova, Introspekt, Scratchclart x Lady Lykez, Mapamota, Spiñorita, Half Queen, the Dembooty crew, Lady Shaka, Ariel Zetina, Disaffected, Patrick, Florentino, King Doudou, Habibeats, Saliah, Kikelomo, Manuka Honey et bien d’autres encore.
Les artistes sont là !
- All
- Dancehall & Afrobeat Aucune chance de passer à côté des rythmes collés serrés de cette bulle afrofuturiste nichée dans les arbres initiée par les sales gosses marseillais de Maraboutage, qui connaissent la recette magique pour envouter les dancefloors.
- House Enclave solaire et joyeuse de l’événement, le rendez-vous par excellence des diggers, chineurs, et autres oreilles exigeantes, entre disco, house et rythmes funky. De quoi faire le plein de bonnes ondes, tout ça jusqu’au lever du jour.
- Samedi
- Techno Gouttes de sueur, kicks vigoureux, quelques regards extasiés et des pieds qui tapent : le poumon nerveux du festival, avec les plus belles signatures de la scène techno, des confirmés aux jeunes talents.
- Vendredi