Skip to main content

Il y a quelques semaines, on dévoilait au grand public le teaser de Treesome, tourné sur les lieux du festival et formidablement mené par Stessy et Cindy Emelie. Deux jumelles à la fois danseuses et chorégraphes au parcours peu commun et à la complémentarité presque infinie. Rencontre. 

Vous formez un duo un peu spécial : partenaires de danse et à la vie en tant que jumelles. Comment en êtes-vous arrivées à travailler toutes les deux ?

Cindy. Notre mère nous a mis toutes les deux à l’âge de 6 ans à la danse classique. J’ai poursuivi assez longtemps mais Stessy a fait une pause pour faire d’autres choses et pour se réinscrire en moderne jazz vers l’âge de 12 ans. Je suis parti à l’âge de 15 ans pour faire des études en classique et contemporaine au Conservatoire National à Paris. 

Stessy. En effet,  je me suis plus spécialisée en jazz et hip-hop. Je fais aussi de la pole dance maintenant. C’est finalement vers nos 25 ans que l’on a commencé à avoir envie de se retrouver ensemble dans un studio. 

Cindy. On avait commencé à avoir nos premières expériences chacune de notre côté mais dans des milieux différents. Et puis on s’est rendu compte que c’était dommage de ne jamais s’être retrouvées dans un studio, donc on a sauté le pas. 

Comment tout cela s’est mis en place ? 

S. Au début, c’était un peu compliqué de s’entendre mais au fur et à mesure, on a compris comment on pouvait travailler ensemble et s’aider tellement on est différentes. 

C. Même si en nous voyant on pense tout de suite à la connexion, on a deux parcours dans le milieu qui sont différents, donc deux langages différents qu’il s’agisse du langage du corps ou du langage artistique en général. Il a fallu décortiquer, tester, parler, et trouver le terrain d’entente.  

Pourquoi avoir accepté de travailler avec Treesome ? Qu’est-ce qui vous a motivé dans ce projet ?

C. Déjà le message de l’équipe du festival nous a beaucoup plus, cela fait toujours plaisir qu’on vienne nous chercher parce qu’on aime notre travail. Même si l’on est moins habituées à l’électro, on a particulièrement aimé le fait que ce soit un festival ouvert à tou·te·s, il y avait aussi le côté dancehall qui nous parlait beaucoup. On avait envie de s’inscrire dans tout ça et de découvrir un nouveau projet. 

Comment avez-vous créé la chorégraphie ?

S. On avait la musique de départ, et puis on nous a parlé de ce lien entre les scènes, avec la nature… Tout ce qui peut faire un lien dans une relation de sœurs jumelles finalement. En tant que jumelles on a notre propre identité mais aussi une forte connexion. On a essayé de jouer sur ça : nos individualités et en même temps notre symbiose. C’est finalement allé très vite car ce sont des thèmes sur lesquels on est habituées à travailler. C’est un peu comme un extrait de la pièce que l’on monte en ce moment que l’on a adapté au projet Treesome. On vient souvent nous voir pour symboliser une connexion mais c’était très intéressant et inédit pour nous de le faire dans le cadre de la musique électronique.  

Vous avez toutes les deux des spécialités de danse différentes : l’une plus classique et contemporaine, l’autre, modern jazz et hip-hop. Comment arrivez-vous à conjuguer tout ça sur vos projets communs ?

S. Comme toute relation, il y a plusieurs temps : l’adaptation de chacune, rentrer dans l’espace de l’autre mais aussi laisser à l’autre son espace. Et une fois que tout ça est fait, ça fonctionne plutôt bien et naturellement. 

C. La connexion se fait très rapidement et quand les deux espaces personnels sont respectés, l’espace commun vit bien. A chaque fois que l’on danse ensemble en arrivant à caler tout ça, on vit un moment très fort. 

© Simon Guillemin

Vous semblez vous apporter beaucoup lorsque vous travaillez ensemble… 

C. Oui, Stessy sur le hip-hop et la danse en talons. A chaque cours qu’elle donne, j’y vais alors que ce n’est pas du tout mon créneau de base et j’apprends énormément. 

S. Cindy m’a aussi beaucoup apporté sur le rapport au sol, tout ce qui est organique et permet de lier le mouvement. J’ai beaucoup appris avec elle sur la linéarité, presque quelque chose de méditatif. Elle m’a appris à gérer tout ça. 

C. : Quand commencent nos séances, il y en a une qui donne un cours à l’autre. Stessy peut me donner des cours sur les ondulations, et moi je lui donne des cours de fluidité ou de sol par exemple. 

Quel rapport entretenez-vous avec la musique ?

C. Moi je travaille beaucoup sur les silences, j’utilise plus la musique comme ambiance, elle ne me donne pas le rythme. Stessy est plus précise quand il faut caler une choré’ sur un moment musical.

S. En effet,  j’ai un rapport différent. J’ai été formée avec la musique, beaucoup de percussions, donc être sur le même temps que la musique est pour moi quelque chose d’automatique. C’est un moteur de ce qui va venir dans mon mouvement. Même sur ça, notre complémentarité reste très forte. 

© Simon Guillemin

Et à votre propre corps ?

C. Je considère mon corps comme quelque chose de précieux parce que c’est mon outil de travail. Donc on fait attention, on s’étire…  Mais rien qu’en étant, je sais qu’il véhicule quelque chose de plus complexe. Pour moi le corps est en relief, il n’y a pas que le corps physique. C’est quelque chose de plus grand. 

S. Mon corps je le nourris avec la danse mais lui aussi a envie de parler d’une certaine manière. Il est véhicule de plein de choses.

Comment va se passer l’année 2023 pour vous ? 

C. On va beaucoup travailler sur notre création. On a un 15 minutes pour le moment qu’on veut pousser à 30 minutes. On a fait des demandes de résidence aussi. On a une date pour un spectacle immersif en mai à Clermont-Ferrand. 

S. On va se focus sur notre pièce et essayer de vraiment créer un événement autour de ce show. L’objectif est de pouvoir s’exprimer sous plusieurs formes. 

Deux corps , deux âmes qui prennent plaisir par la danse et la chorégraphie à s’exprimer d’une même voix et qui trouvent leur équilibre dans un  apport mutuel et permanent, jusqu’à la symbiose totale. En attendant de voir ce que Stessy et Cindy nous réservent pour les mois à venir, on peut toujours admirer leur hypnotique danse pour Treesome Festival :