Productrice et DJ lyonnaise, Desire met toute son énergie à la création d’une musique solaire dans un mélange de trance progressive, d’influences rave et sonorités eurodance. Dernière preuve en date : son deuxième EP, An Ode to Our Night, sorti l’année dernière chez Molécule. Quelques mois avant son passage sur la scène de Treesome, elle nous parle de la création de son collectif, de ses projets à venir et de la place des identités trans sur la scène électro.
Comment as-tu lancé With Us ?
Le collectif s’est lancé en mai 2022. À l’origine, c’était une initiative personnelle, même si ma copine me soutient toujours quand il s’agit d’un projet. Au départ, il ne s’agissait que d’interviews et de mix d’artistes trans que j’aimais bien. Pas forcément pour leur faire gagner de la visibilité, je n’avais pas du tout la notoriété pour ça, mais c’était plus un partage et un échange autour de la transidentité.
J’ai réussi à avoir trois épisodes au début donc j’étais assez contente. Mais la communauté queer est un peu épuisée donc j’ai un peu ralenti la cadence. Entre-temps j’ai commencé à me rapprocher de l’équipe d’à la folie à La Villette (Paris), ils m’ont alors proposé d’organiser des soirées. J’avais déjà cette idée en tête avec ma copine et des ami·es donc c’était parfait. On a voulu créer une soirée queer en poussant certains concepts.
Que souhaites-tu défendre à travers le collectif ?
Il existe des soirées queer militantes mais un peu moins dans les clubs. C’est vraiment ce côté-là que l’on a souhaité apporter. On essaye de tout faire pour que les gens qui viennent à la soirée s’y sentent safe. Avant chaque événement, les vigiles et le personnel du bar sont briefés. L’équipe du collectif est composée de personnes non cisgenres et cisgenres, mais sur scène je mets essentiellement en lumière des identités trans. Pour l’instant on fait ça À la folie mais on souhaite entendre tout ça dans d’autres clubs. Les gens sont contents d’avoir un espace où ils se sentent bien et en sécurité, avec un staff bienveillant. On se sent comme dans un petit cocon.
Et en dehors de With Us, comment ça se passe pour toi en ce moment ?
Je suis à 100 km/h dans la musique, j’ai un peu la tête qui bourdonne toute la journée (rires). Je travaille à côté en tant que surveillante dans un collège, mais j’ai quand même pas mal de temps pour travailler la musique. Je suis engagée dans plusieurs projets tout au long de l’année, mon collectif et évidemment Treesome qui arrive cet été.
C’est une programmation dans laquelle tu te retrouves ?
Je l’adore ! Il y a beaucoup d’artistes que l’on voit peu en France qui se retrouvent sur un même festival. Il y a un peu un entre-soi dans les prog’ en ce moment, avec des artistes que l’on retrouve toujours mais qui ont peu d’actualité musicale pendant l’année. C’est aussi super d’afficher une programmation majoritairement féminine, ça fait vraiment plaisir.
On a souhaité aussi laisser la place à des artistes transgenres. Est-ce que tu penses que la communauté trans a la place qu’elle mérite sur la scène électronique ?
La communauté trans’ est présente via les associations (La Mutinerie, Acceptess T), mais pas assez sur la scène électro. La communauté queer est là c’est certain, mais la communauté trans, elle, est vraiment plus difficile à cerner. C’est aussi pour cela qu’on a lancé With Us : on voulait que ce soit une sorte de répertoire pour les gens qui veulent découvrir des artistes trans. Mais j’ai quand même l’impression que depuis quelque temps, des artistes, par exemple Sam Smith commencent à cerner une identité. On sent que quelque chose est en train de naître autour de l’affirmation du genre.
Justement, penses-tu que cela soit plus difficile de s’affirmer pour la communauté LGBTQIA+ sur ces scènes (rap, pop, rock…) que sur la scène électro ?
On a quand même de la chance dans la musique électronique. Avant, j’étais sur la scène rock et je sais que je n’aurais jamais pu m’affirmer comme maintenant. Par exemple, Sam Smith, qui a tourné un clip en robe, s’est fait insulter. Alors que dans le monde électro, c’est une esthétique qui est déjà présente depuis longtemps, il y a plus cet aspect androgyne. Et puis au départ, la techno est un style créé par la communauté LGBT+. C’est aussi pour ça que c’est important que les clubs restent engagés dans leur programmation. Il existe beaucoup de soirées queer techno mais on n’en voit pas ou très peu dans le rap ou le rock.
Mais est-ce que tout cela ne reste pas cantonné au milieu parisien ?
C’est sur qu’il y a un entre-soi parisien dans le milieu queer. Cela peut d’ailleurs mettre un peu de pression quand on débarque dans ce milieu et qu’on vient d’une autre région. D’ailleurs, on aimerait s’exporter avec With Us : j’ai beaucoup de contacts à Lyon. Je trouve que Nantes est aussi une super ville pour implanter tout ça, il y a aussi le Macadam qui affiche une super prog’. J’ai vraiment envie de développer tout ça.
Pour suivre l’actualité de Desire, c’est par ici :
Quelques artistes à suivre de près selon Desire :
Et quelques collectifs :
Les artistes sont là !
- All
- Dancehall & Afrobeat Aucune chance de passer à côté des rythmes collés serrés de cette bulle afrofuturiste nichée dans les arbres initiée par les sales gosses marseillais de Maraboutage, qui connaissent la recette magique pour envouter les dancefloors.
- House Enclave solaire et joyeuse de l’événement, le rendez-vous par excellence des diggers, chineurs, et autres oreilles exigeantes, entre disco, house et rythmes funky. De quoi faire le plein de bonnes ondes, tout ça jusqu’au lever du jour.
- Samedi
- Techno Gouttes de sueur, kicks vigoureux, quelques regards extasiés et des pieds qui tapent : le poumon nerveux du festival, avec les plus belles signatures de la scène techno, des confirmés aux jeunes talents.
- Vendredi